L'aventure d'une plume

L'aventure d'une plume

Critique littéraire


Les Intéressants

« S’arrêter, c’était la mort. Cela voulait dire que vous aviez renoncé et remis les clés du monde à quelqu’un d’autre. Pour une personne créative, la seule option, c’était le mouvement permanent, une vie entière d’agitation et d’occupations, en allant toujours de l’avant, jusqu’à ce que vous ne puissiez plus continuer. »

 

      En 1974, Julie rencontre une bande d’ados au camp d’été Spirit in the Wood et tous les cinq s’autoproclament « Les Intéressants ». Une limite en prétention juvénile et définition artistique. Ethan, un surdoué des films d’animation, Goodman et sa soeur Ash, ainsi que Jonah, le fils d’une célèbre chanteuse folk icône de la contreculture, et enfin Cathy, une très belle fille qui rêve de devenir danseuse. Jules (rebaptisée ainsi par les Intéressants) voue une admiration sans faille à ces êtres confiants, ironiques et talentueux. Pendant quarante ans, Jules nous fait suivre leur parcours, leur évolution, leurs amours et leurs faiblesses. Meg Wolitzer nous permet de lire la simplicité, la vie, la vraie, celle qui heurte, qui bouscule, qui épanouie, qui donne et reprends tout.

 

      La lecture est fluide, sans complexité. C’est un fil de quarante années bien menées. Ce fil nous bouleverse. C’est à travers Jules, son regard envieux et idolâtre, qu’on suit le chemin épineux des auto-proclamés « les Intéressants ». On vit leur jeunesse des années 70, leur apparente liberté si désirée par n’importe quel adolescent. Leur entrée dans le monde des adultes continue de nous submerger, ce moment où la vie nous permet tant d’espoirs, où se jeter dans l’inconnue fascine. On s’impatiente de découvrir leur vie. On s’insurge devant tant d’injustice mais on accepte, autant que les protagonistes, la réalité pure et basique. On peut néanmoins, notifier certains passages « à vide », « longs ». Selon mon avis, ces morceaux finissent par s’inscrire naturellement dans l’œuvre. En arrière-plan, ou plutôt en continuité de la vie, l’écrivaine nous expose l’évolution de la société américaine. Les années Nixon, à celles du sida, ou encore les débâcles économiques et sociales. Les personnages sont atteints par ce tourbillon historique. Ces derniers, particulièrement attachants ou détestables, ne doivent leur intérêt, finalement, qu’à leur banalité.

 

      C’est une lecture quotidienne, à lire lentement, de manière à en apprécier la simplicité. Les expériences vécues par l’ensemble des figures du roman, nous font tendrement ou expressément réfléchir. Une histoire qui nous prouve que le cheminement de notre vie ne résulte que de choix.

 

Lisbeth Amirel

 

 


24/03/2018
0 Poster un commentaire

Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser