L'aventure d'une plume

L'aventure d'une plume

Critique cinématographique


120 battements par minute

Grand gagnant de la cérémonie des Césars, avec 6 trophées dont celui du meilleur film.

 

      120 battements par minute est un long métrage réalisé par Robin Campillo et sorti en août 2017. Débuts des années 90, après l’épidémie de Sida qui a frappé la France, des associations se révoltes et mène des actions dont Actup basé sur Paris. Le film raconte la lutte pour l’information au Sida. On suit l’histoire de Sean Dalmazo, joué par Nahuel Pérez Biscayart (césar de l’Espoir masculin), jeune homosexuel et séropositif. Mais pas que son histoire, d’autres viennent nourrir le film et nous bouleverser encore plus. On assiste à la rage de certains, au découragement mais toujours à une même volonté de secouer les pouvoirs publics. De les mettre face à leurs responsabilités. Une réplique sera « Il défendait la cause des minorités ». Ce film c’est exactement cela. Mais aussi une lutte pour la prévention, pour empêcher une nouvelle épidémie. On ne peut ni rire, ni pleurer. On peut juste regarder, s’interroger et finalement réagir, prendre conscience de la gravité, de l’émotion de ce film, mais également sourire devant ce qu’on pourrait appeler un hymne à la vie. Voyez-le et prenez conscience.  

 

Lisbeth Amirel

 


24/03/2018
0 Poster un commentaire

Pentagone Papers

« Le meilleur moyen de publier, c’est de publier »

 

      Pentagone Papers c’est le dossier mythique, en 1971, qui accuse les Présidents des Etats-Unis et d’autres portraits emblématiques du pouvoir d’avoir manipulés la population concernant la guerre du Vietnam.  Le rapport « secret défense » est révélé par le Washington Post, après une première ébauche du New-York Times. Dans le film de Spielberg, Meryl Streep incarne Kay Graham, directrice du Post, une femme dominée par un conseil d’administration entièrement masculin. Tom Hanks, éternel à lui-même, joue un rôle charismatique celui du rédacteur en chef Ben Bradlee. Le film retrace la détermination de Ben à publier face à leur concurrent (le NYT) et le courage de Kay d’accepter le risque de tout perdre. La rédaction affronte vents et marrées pour afficher au grand jour, un des plus grands scandales politiques qui a permis le suivi du Watergate.

 

      Pourquoi les Etats-Unis se sont-ils engagés dans la guerre du Vietnam ? « 10 % pour les Sud-Vietnamiens, 20 % contre le communisme et 70% pour éviter une humiliation de défaite », voici la réponse de Daniel Ellsberg incarné par Matthews Rhys, à l’origine de la fuite de 7000 pages du rapport. Le film est une course poursuite effrénée entre Justice, Liberté de la presse et Raison d’Etat. On apprécie la passion d’investigation qui constitue tout le film, au sein du Post notamment. Mais du point de vue historique, le New-York Times est le premier à sortir ces papiers, certes à ce moment, ils n’avaient que gratter le vernis. Mais s’ils n’avaient pas été arrêté par la Maison Blanche, le Post aurait-il eu la possibilité d’acquérir cette avance ? Néanmoins, on peut reconnaître à ce dernier d’avoir tout risquer pour publier et d’avoir su utiliser les règles du jeu journalistique. Parmi le rythme rapide des machines à écrire, la fumée des cigares, les grands pas dans ces longs couloirs de rédaction, on sent toute la palpitation d’exposer à la lumière la vérité. On a envie, en sortant, de crier à la liberté d’expression. L’histoire prouve tellement de l’injustice vécue par les Américains, leurs fils envoyés dans un combat déjà perdu d’avance, qu’on proteste, on compatit. A ce scandale politique, s’ajoute la misogynie, véritable problème contemporain. Kay Graham, n’est qu’une « potiche » aux yeux de ses confrères et de ses associés. Son statut de femme ne lui permet pas d’être directrice d’un journal. D’abord représenté comme une femme affreusement timide face à cette horde masculine, scène après scène elle se vivifie pour finalement incarner le courage, le courage d’une femme. Meryl Streep joue avec une étonnante, voire légèrement décevante, douceur. Cela apporte certes, une performance diplomatique à ce personnage qui garde un calme olympien tandis qu’elle est tiraillée entre les exigences de son milieu, la haute société politico-financière et ses valeurs morales. Seulement, on aurait aimé plus d’énergie dans le jeu d’acteur. Rien n’enlève au courage de Kay Graham parfaitement incarné. Spielberg, peut être remercié d’avoir scénarisé un scandale peu exploité (artistiquement parlant) afin d’offrir une continuité aux Hommes du Président d’Alan J. Pakula. D’ailleurs, la fin du film est une parfaite liaison au Watergate.

 

      Avec ce film, comment ne pas établir un lien avec la situation actuelle des Etats-Unis ? Alors que Nixon tentait de maîtriser la presse, Trump qualifie celle-ci de « fakes news » ou d’« ennemis du peuple américain ». « Selon les Pères Fondateurs, la presse se doit de servir les gouvernés et non les gouvernants », ainsi se conclue la victoire à la Cour Suprême du Post et du Times. Actuellement, la presse sert qui ?

 

Lisbeth Amirel

 


24/03/2018
0 Poster un commentaire

Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser